EDITO

 

Nous parlons tant du territoire, à chaque instant, à chaque phrase, il revient comme si de lui dépendait l’avenir de la seconde décennie du vingt-et-unième siècle.
Mais qu’invoque-t-il ? Parcelle de terre, lieu de vie, paysage, représentation d’une forêt, d’un champ, d’une ville ?
Et quelle place occupe l’homme dans cet espace nommé ?
Le territoire est un espace fini qui porte un nom, et l’être s’y transporte soit en le reconnaissant, lieu énoncé d’avoir été foulé, soit en le supposant, doigt glissant sur la surface d’une carte, soit en le découvrant, marche hasardeuse sur le bord du fleuve.

Dans tous les cas, c’est la représentation du corps et de son mouvement qui en est le jeu.

Aucun espace n’existe sans la projection de soi, même à l’intérieur de lui. Nous ne nous voyons qu’à travers cet espace dans lequel nous supposons être portés, inclus. Cette représentation parcellaire du monde (de notre propre monde) n’est-elle pas en fait l’identité ? 

En va-t-il de même du son ?

Platon divisait l’art en deux : d’une part le texte, d’autre part la chorégraphie (mouvements du corps induits par la musique sur le plateau).

La musique compte.

Les temps, les mesures, les mouvements, les valeurs, tout ce qui touche au temps et à ses durées, elle les comptent. La musique mesure la distance qu’il reste entre le premier son et sa disparition.

Elle ne garde rien, elle poursuit son avancée inexorable laissant l’auditeur face à sa fuite (de la musique et de lui-même) en avant, face à sa propre mémoire.

La musique déroule son tapis vibrant et ne laisse rien au sens.

C’est sa raison d’exister : d’habiller le temps sans rien écrire, dire, montrer.

La musique voile le temps comme le tableau floute le regard. Le corps, dans un temps ou dans le cadre, s’y imprime et se met en mouvement en s’inventant des noms.

« Je suis noir de monde » chantait Alain Bashung.

 

Christian Sebille, directeur du gmem-CNCM-marseille


EN RÉSUMÉ
Du 7 au 17 mai 2014
Plus de 20 évènements
60 œuvres
8 créations
40 compositeurs
7 ensembles

Festival itinérant
9 lieux > Marseille
ABD-Gaston Defferre
BMVR - Alcazar (Bibliothèque de Marseille à Vocation Régionale)
Friche La Belle de Mai
Le Merlan scène nationale à Marseille
L'Opéra de Marseille
Parc Borély
Salle Musicatreize
Le Silo
Théâtre Joliette-Minoterie


 

En 2008, le Festival Les Musiques inaugurait le tarif unique de 5 € par concert. Nous ne bradions ni les artistes, ni les œuvres, ni l’exigence nécessaire à leur réalisation. Ce choix fut un succès, exprimé tant par le nombre important de spectateurs que par la diversité des publics rencontrés.

 

Cette décision fut prise à la suite d’un temps de réflexion sur l’accès à l’art. En avril 2008, le contexte économique était difficile, la situaotre olitique à tarif unique de 5 €, par nécessité, car nous avons besoin, citoyens, public et artistes, de moments de convivialité, d’imaginaire, de rêves, d’émotions et de plaisir, tout en ayant l’éphémère conscience de nous inscrire dans l’histoire sensible de l’humanité.

 

 

Le festival dans sa chronologie, de l’ouverture sur un toit terrasse vers un final dans un théâtre, nous fait découvrir des ensembles instrumentaux aux effectifs multiples : orchestre philharmonique, quatuor à cordes, ensembles de percussions, solos et solistes... auxquels s’agrègent danseurs et chorégraphes, théâtre musical et technologies multimédia...

 

La distribution artistique est abondante et couvre certainement tout le champ de ce que l’on appelle le spectacle vivant. Elle démontre la vitalité de la création tout en présentant une multitude de talents faits de virtuosité, de précision, de grâce.

 

Cette nouvelle édition révèle un programme construit autour de l’entrecroisement des œuvres, des spectacles, générant des relations de cause à effet et de mise en perspective esthétiques, formelles et temporelles.

 

 

Donc, une belle traversée et de longues déambulations dans des œuvres et lieux de représentation, eux-mêmes espaces générateurs de fiction. Une réalité qui ne se limite pas à des murs mais qui naît de l’alchimie de l’artiste sur la scène et de la rencontre avec le spectateur, acteur lui aussi de l’émergence d’un temps fictionnel.

 

Bon vent, car les seuls risques de ce voyage de l’esprit sont de stimuler la curiosité et de provoquer des découvertes troublantes, enrichissantes.

 

 

Raphaël de Vivo