Philippe LEROUX
Pour…

Écrite en 2006, cette œuvre pour ensemble instrumental, ensemble vocal et dispositif électronique est une commande du GMEM et du Nouvel Ensemble Moderne de Montréal. Elle est composée de trois mouvements et est construite à partir d’un texte inspiré de fragments de discours politiques (XIXème) et de chants de guérison amérindiens, particulièrement Navaho, sioux, Utes, Blackfeet, chippewas et Nez-Percés. Le premier mouvement s’élabore à partir de figures rythmo-mélodiques combinées comme des formules (procédé employé dans beaucoup de musiques traditionnelles comme le chant grégorien par exemple). Le texte y montre à quel point les indiens ont une relation forte à la terre et à aux éléments naturels, et combien pour eux, le désir de l’homme blanc d’acheter cette terre avec de l’argent semble inintelligent et dangeureux. L’idée maîtresse de leur discours est qu’on ne peut acheter la vie. À la fin de ce mouvement, ils cherchent dans les montagnes leurs enfants qui ont fui sans couvertures et sans nourriture : « Sont-ils parmi les morts ? ».
Le deuxième mouvement, comme une colère qui monte, part de cette mort probable et d’un environnement sonore désertique, pour au sommet d’un climax, libérer la parole comprimée par la violence du commerce des êtres et des éléments. Ce qui n’était que matière venteuse, évoquant l’absence au début de ce mouvement, devient à la fin comme un souffle de vie. Dans ce mouvement, est privilégiée l’idée d’un geste unique, dont seule demeurerait, après coup, l’empreinte gestuelle. Un peu comme ces peintres asiatiques qui passent des heures à méditer devant leur tableau, puis tracent d’un coup un seul geste, dont la fulgurance se trouve pleine de toute la méditation précédente.
Le troisième mouvement mêle les formules du premier aux matières du deuxième. Il est comme un grand commentaire de la notion de beauté : beauté vue comme issue de la guérison, mais aussi comme but de conquête intérieure. Sur un plan strictement musical, l’élément principal de la pièce, qui génère à la fois les formules rythmiques et la forme globale de l’œuvre, est une figure d’hémiole : insertion d’un rythme ternaire dans une structure rythmique binaire.
Le dispositif électronique en temps réel porte exclusivement sur les voix. Analyse temps réel, filtres, synthèse granulaire, harmonizers, délays et réverbérations sont les principales opérations effectuées.

 

Pour…
14’ – 2006

Pièce mixte pour ensemble instrumental, vocal et dispositif électronique
Commande Etat / GMEM / Nouvel Ensemble Moderne de Montréal

INSTRUMENTARIUM
piano
percussions
5 cordes
12 voix
dispositif électronique

INTERPRÈTES
NOUVEL ENSEMBLE MODERNE DE MONTRÉAL, ensemble instrumental
LORRAINE VAILLANCOURT, direction
ENSEMBLE MUSICATREIZE, ensemble vocal
PHILIPPE LEROUX, direction du son

ARTISTES ASSOCIÉS
CHARLES BASCOU, informatique musicale


> ENREGISTREMENT AUDIO


ANDREA LIBEROVICI