GEORGES BOEUF
Où il est question d’un coucher de soleil

Cette œuvre a maintenant presque 20 ans. Elle a été créée en 1989. Elle prend son origine dans la contemplation d'un coucher de soleil dans la calanque de Port-Pin près de Marseille. À ce stade-là ce n'était qu'une envie d'écrire une œuvre d'une certaine importance pour violoncelle et orchestre. Il fallait trouver le reste.

La suite de cette histoire commence par la lecture de deux ouvrages qui m'avaient auparavant impressionnés : Chronique d'une mort annoncée de Garcia-Marquez et L'insoutenable légèreté de l'être de Kundera. J'ai aimé cette manière de raconter l'histoire rapidement et complètement au tout début et d'en connaître la fin très tôt. À partir de là, le travail du romancier consiste à creuser l'intérieur de l'histoire pour en révéler d'autres aspects, d'autres évènements, lui donner, en quelque sorte, de l'épaisseur et de la vie. Cette méthode non linéaire m'a semblé conforme au désir de forme que j'avais pour cette œuvre en évitant la technique du développement linéaire.

Une autre conception se superpose à la précédente; c'est ce que j'appellerais une "forme atomique", à savoir que la construction du temps se fait "autour" et non "à la suite". Précisons : "l'autour" vient nourrir le centre, le noyau. Assez tôt j'ai pensé à la comparaison suivante : un potier sur son métier tournant, pose un morceau d'argile sans forme définie. La rotation du dispositif permet à ses mains de donner forme et contenu à ce qui n'était ni l'un ni l'autre. Le temps dans cette circonstance est le facteur actif, décisif.
À partir de là le processus formel peut démarrer.

On peut définir la chose comme suit :

La 1°partie sera la matière première du potier ou le premier jet de l'histoire de l'écrivain. Cela implique qu'elle soit grossièrement définie en regard des éléments structurels (rythmiques, mélodiques, harmoniques), lesquels ne seront perçus qu'assez vaguement. Elle sera plutôt conçue comme une improvisation ou une ultime extension de ce qui sera fixé après. A ce titre elle devra donc, pour ainsi dire, être perçue comme si elle était le mouvement final. Elle en aura l'énergie, l'élan, la vitesse, le niveau sonore, le foisonnement orchestral et la virtuosité requise, de sorte que tout semble être dit lorsqu'elle est terminée. A partir de là les autres parties vont nourrir, creuser et être de plus en plus précises en regard des éléments structurels. A ce qui semblait être déjà une fin à l'issu de la 1° partie, va se substituer le véritable aboutissement.

Et le violoncelle terminant seul par un son qui s'étiole, va rendre évident le titre même de cette œuvre.

Cette œuvre ne mérite en aucune façon le sous-titre de « concerto » car, mise à part peut-être la 1° partie, elle échappe totalement à cette forme. Dès le début de la seconde partie je m'écarte délibérément du  moule classique pour me diriger vers une forme de méditation et de repliement, fidèle en cela à ce qu'évoque le titre même.

Georges Boeuf


Où il est question d’un coucher de soleil
30’ – 1989

Pièce instrumentale pour violoncelle principal et orchestre
Commande Office Régional de la Culture PACA

INSTRUMENTARIUM
1 violoncelle soliste
1 orchestre composé :
1 flûte piccolo
1 Clarinette en SIb
1 Clarinette basse SIb
1 Cor en FA,
1 Trompette en UT
1 Trombone
1 Saxophone jouant l'alto et le baryton
5 Premiers Violons (minimum)
4 Seconds Violons (minimum)
3 Altos (minimum)
2 violoncelles (minimum)
1 Contrebasse

INTERPRÈTES
LAURENT PIDOU, violoncelliste
ORCHESTRE RÉGIONAL DE CANNES PROVENCE ALPES CÔTE D'AZUR, orchestre
LORRAINE VAILLANCOURT, direction


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ANDREA LIBEROVICI