EDITO

‘‘Je ne veux pas être stupéfié, mais j’aime être sans cesse surpris.’’ - Robert Walser


Le festival les musiques, festival international des musiques d’aujourd’hui et de création, est sans contestation possible, un événement sur la ville de Marseille. Je peux le dire avec d’autant plus de distance et d’humilité, que nous avons imaginé cette édition 2012 avec son fondateur Raphaël De Vivo.

Notre complicité fut l’occasion d’inventer une programmation croisée, où les propositions s’interrogent entre elles pour donner naissance à un parcours dans lequel chacun pourra trouver son propre accès et son cheminement. Le croisement n’est pas un vain mot, mais l’axe même de la conception de la programmation cherchant l’entremêlement des esthétiques, des styles, des formes et des lieux.

L’étonnement est la condition de l’enrichissement de l’homme. Pour le produire nous avons fait de l’ouverture notre axe principal.

Une programmation n’est pas seulement une succession de propositions. Elle doit écrire une promenade qui accompagne le spectateur et lui procure le plaisir de l’inattendu. Elle doit aussi s’inscrire dans le réseau de la ville et s’y diffuser. C’est de cette combinaison entre soi et le territoire que naît l’identité.

Les portes d’accès pour cette édition sont multiples et fonctionnent par enchevêtrement.

Le centenaire de la naissance de John Cage est l’opportunité de présenter trois propositions, deux centrées sur le piano, la troisième étant la chorégraphie d’Olivia Grandville avec l’ensemble ]h[iatus à Klap.

La pluridisciplinarité est le second axe, couplant la musique avec la danse, les arts plastiques ou la vidéo. Les spectacles de Benjamin Dupé créés au Merlan, de Maud Le Pladec sur les musiques de Fausto Romitelli à La Criée ou de Bertrand Dubedout à la Friche la Belle de Mai en seront les illustrations.

A ]h[iatus, s’ajoutera huit autres ensembles de musiciens qui nous offriront un panorama de la création instrumentale d’aujourd’hui. Des commandes passées à Henry Fourès, Saed Haddad, Francesco Filidei, Daniel D’Adamo et Thierry Blondeau y seront jouées pour les toutes premières fois.

A trois occasions, les soirées organisées avec nos partenaires composeront des parcours à la carte faisant de la découverte un jeu.

La promenade est un temps de respiration, un temps donné à la disponibilité. Même un lieu connu nous réserve des surprises, lorsqu’au gré de notre marche nous apercevons ce qui nous était invisible jusqu’alors. Accompagnons-nous.

‘‘Tout mouvement nous découvre.’’ - Montaigne

CHRISTIAN SEBILLE, directeur du GMEM


EN RÉSUMÉ
Du 9 au 19 mai 2012
27 évènements
9 créations
40 compositeurs
70 œuvres
9 ensembles et orchestres

Festival itinérant / 11 lieux
ABD-Gaston Defferre
BMVR - Alcazar (Bibliothèque de Marseille à Vocation Régionale)
Chapelle Sainte-Catherine
Conservatoire National à Rayonnement Régional
Église Saint-Cannat
Friche la Belle de Mai et Cabaret Aléatoire
KLAP - Maison pour la Danse
Le Merlan - Scène Nationale à Marseille
Parvis de l'Opéra
La Criée - Théâtre National Marseille
Théâtre du Gymnase
La musique en est le fil conducteur et l’élément structurant.

 

 

En 2008, le Festival Les Musiques inaugurait le tarif unique de 5 € par concert. Nous ne bradions ni les artistes, ni les œuvres, ni l’exigence nécessaire à leur réalisation. Ce choix fut un succès, exprimé tant par le nombre important de spectateurs que par la diversité des publics rencontrés.

 

Cette décision fut prise à la suite d’un temps de réflexion sur l’accès à l’art. En avril 2008, le contexte économique était difficile, la situaotre olitique à tarif unique de 5 €, par nécessité, car nous avons besoin, citoyens, public et artistes, de moments de convivialité, d’imaginaire, de rêves, d’émotions et de plaisir, tout en ayant l’éphémère conscience de nous inscrire dans l’histoire sensible de l’humanité.

 

 

Le festival dans sa chronologie, de l’ouverture sur un toit terrasse vers un final dans un théâtre, nous fait découvrir des ensembles instrumentaux aux effectifs multiples : orchestre philharmonique, quatuor à cordes, ensembles de percussions, solos et solistes... auxquels s’agrègent danseurs et chorégraphes, théâtre musical et technologies multimédia...

 

La distribution artistique est abondante et couvre certainement tout le champ de ce que l’on appelle le spectacle vivant. Elle démontre la vitalité de la création tout en présentant une multitude de talents faits de virtuosité, de précision, de grâce.

 

Cette nouvelle édition révèle un programme construit autour de l’entrecroisement des œuvres, des spectacles, générant des relations de cause à effet et de mise en perspective esthétiques, formelles et temporelles.

 

 

Donc, une belle traversée et de longues déambulations dans des œuvres et lieux de représentation, eux-mêmes espaces générateurs de fiction. Une réalité qui ne se limite pas à des murs mais qui naît de l’alchimie de l’artiste sur la scène et de la rencontre avec le spectateur, acteur lui aussi de l’émergence d’un temps fictionnel.

 

Bon vent, car les seuls risques de ce voyage de l’esprit sont de stimuler la curiosité et de provoquer des découvertes troublantes, enrichissantes.

 

 

Raphaël de Vivo